– est une femme blanche, québécoise, dans la quarantaine
L'histoire, ça se passait avec un petit ami avec qui j'avais de la difficulté à partir de l'appartement. Et plus ça allait, plus il y avait une certaine pression. Puis, un soir il a commencé à faire des blagues à connotations sexuelles assez dégradantes. Je trouvais ça grotesque, vraiment irrespectueux. Par la suite, il s'est comme avancé vers moi, pour mettre sa main sur mon sein. Et là, c'était la première fois qu'il posait un geste comme ça, je m'attendais pas à ça, et d'une façon très intimidante, un peu comme si j'étais séquestrée. Et le réflexe que j'ai eu à ce moment-là, c'était de me reculer, puis de dire, « De quel droit tu fais ça ? T'as pas le droit de faire ça ! » Puis plus ça allait, plus je reculais, plus je parlais fort, puis je disais, « T'as pas le droit de faire ça ! », puis « C'est quoi ton problème ? » Ça c'est terminé comme ça.
La plupart du temps, il y a une escalade de violence. Denise a fait une scène pour stopper l’escalade et se mettre en sécurité.
– est une femme blanche québécoise dans la quarantaine
Une fois, il m'a prise par en arrière et il avait un couteau. C'était un ouvre-lettres, mais pour moi, c'est un couteau. Il m'a dit de marcher et je l’ai fait. Alors, il m'a donné la chance de sortir et j'ai couru ! J'ai vu une buanderie ouverte, je suis rentrée et j'ai dit d'appeler la police. Les policiers sont arrivés et je leur ai dit de se méfier de lui parce qu'il a déjà été très agressif, mais d'aller chez lui.
Francine a attendu d’avoir l’occasion de s’enfuir.
– est une femme blanche, qui est Sourde [1]
Mon mari a amené des plantes de marijuana chez nous, dans le grenier. J'avais beaucoup d'anxiété. J'étais malade et mes quatre enfants aussi. Mon mari s'est fâché et il m'a tenue, j'étais faible parce que j'étais malade. J'ai appelé ma soeur, et elle m'a aidée à aller dans une maison d'hébergement. J’ai fait trois séjours en maison d’hébergement avant de me décider à le quitter pour de bon. J’ai porté plainte.
Sylvie a complété sa riposte en quittant son conjoint et en allant en cour. Parfois, quitter la relation est le seul moyen de rester en sécurité. Souvent, il y a un moment décisif où l'on sent que notre limite a été atteinte. Personne ne peut nous dire quand ce moment est arrivé.
– est une femme québécoise, blanche, dans la soixantaine
C'était avec un ex-conjoint qui avait fait un ACV, et l'ortho-thérapeute lui a dit de ne pas conduire. Il prenait le volant [quand même]. À un moment donné j'étais exaspérée. J'ai dit « Là arrête ! » Il a pas arrêté, j'ai insisté plusieurs fois, puis il s’est arrêté. Il a couru, fait le tour de la voiture, il me poussait, pour que je sorte pas de la voiture. Là j'avais peur parce que je savais que j'étais forte. Si je le poussais, j'avais peur qu'il se pète la tête sur l'asphalte, qu'il meure. Puis je regardais et il y avait des gens plus loin. Faque là j'ai dit « R’garde, si tu continues je vais crier ! » puis à un moment donné je me suis mise à crier. Faque là il fait: « OK OK, je sors, OK vas-t'en, vas-y, vas-t'en! » Là il m'a lâchée, j'ai pu partir.
Louise a fait une scène en criant. Quand on menace de crier ou de faire autre chose, ça nous aide si on est vraiment préparée à le faire, comme Louise l'était.
– une femme d'origine arabe, est une intervenante dans un centre d'hébergement pour femmes
Il y avait une bénévole, une femme d'un certain âge, de haute société, on aurait dit qui avait la vie parfaite. Une fois, elle est venue avec des hématomes sur son visage, qu'elle avait essayé de couvrir avec du maquillage. Je me suis dit : « Je ne vais pas lui dire les mêmes choses qu’elle a déjà entendu de beaucoup de monde », alors je lui ai simplement dit que la glace pouvait aider à diminuer les marques. Quelques mois après, elle m'a raconté qu'elle avait quitté son mari deux ou trois semaines après notre dernière rencontre. Ce qui l’avait motivée c’est qu’un jour elle était en train de préparer un sac de glaçons et de le placer dans le congélateur, quand son fils lui a dit: « C'est pour les bobos, maman ? » C'est le moment où elle a réalisé qu'elle se préparait à recevoir des coups et qu’elle enseignait à son fils que c’était correct de se préparer pour se faire frapper ! Et elle a quitté son mari.
Fatima a aidé la femme sans la juger ou lui dire quoi faire. Elle savait que la femme quitterait son mari violent quand elle serait prête.
– est une femme blanche, québécoise dans la vingtaine
Mon chum était un peu contrôlant. Il était dans un autre pays et j'avais appris qu'il fréquentait une autre fille là-bas, mais il continuait à nier. J'avais arrêté la relation, puis j'ai écrit à cette fille-là. J'ai dit : « Ce serait dommage qu'on se divise pour un gars. Puis, si un jour, t'as envie ou besoin d'entendre ma version de l'histoire, ça va me faire plaisir.» Elle avait répondu : « Je suis pas sûre de savoir de quoi tu parles. » Deux ans plus tard, je reçois un message de cette fille : « maintenant, oui, j'aimerais beaucoup entendre ta version de l'histoire. » Effectivement, elle est encore avec lui dans une situation qui est clairement de la violence conjugale: de contrôle, d'isolement, de manipulation, etc. Je lui ai répondu : « Mais qu'est-ce que tu as besoin de savoir ? Le but est qu'on se sente mieux là-dedans et non pire, t'sé...» On a eu un super bel échange, puis je lui ai offert de la solidarité, des ressources et tout ça. À la fin, elle a décidé de rester avec lui, mais je suis convaincue que si un jour elle a besoin, j'ai ouvert une porte.
Lorsqu'on sait que quelqu'un qu'on connaît est dans une relation abusive, souvent la chose la plus aidante qu'on peut faire est d'offrir du soutien et laisser la personne savoir qu'on sera là pour elle, peu importe les décisions qu’elle prendra.
– is a white Jewish Anglophone in her fifties
My best friend was in a relationship with a man who I thought was emotionally abusive. One of the things he would do was isolate her. They lived in a different city, and he always made sure that he was in the room when she talked to me on the phone, so she could never speak freely. And when we would get together he was always hanging around; he never left us alone. And so my partner decided to intervene by befriending her partner. He found things they had in common and they became friends. They would go and do things for a few hours and that would leave me alone with my friend, and when he wasn't there she would start to tell me about things that were going wrong. And I never said anything negative about him, I tried very hard to be friendly with him as well and found things we had in common. And this went on for years. Until finally she decided to leave him after several years. She waited until he was off at work, and we went and got her own bank account, and we went looking for apartments. And he didn't know anything about it until she was ready to go. And then when she had an apartment and she had her bank account and everything, she left.
En étant des allié.e.s, Judith et son conjoint ont pu briser l'isolement de leur amie et l'aider à quitter son conjoint lorsqu'elle a été prête à le faire.
– est une femme blanche, québécoise, dans la soixantaine.
Mon mari m'abusait depuis trente ans, il me frappait de temps en temps. J'avais peur. Alors j'ai suivi un cours d'autodéfense. J'ai pas parlé tout au long du cours. Puis quelques mois après, j'ai repris le cours une deuxième fois. Un soir, je me préparais pour aller au cours d'autodéfense, et il vient derrière moi. Il me dit « Où vas-tu ? ». Puis j'ai dit, « C'est pas de tes affaires ! » Et j'ai vu sa face changer, il m'a regardée de façon différente. Et il m'a jamais frappée après.
Colette a attendu son bon moment pour mettre ses limites.
– est une jeune femme blanche, qui est Sourde [1]
J'avais 15 ans. Je vivais de la violence conjugale avec mon chum. Il me forçait à avoir des relations sexuelles. Je ne voulais pas. J'ai découvert un truc. Il m'a ouvert les jambes sur le lit, alors j'ai enroulé mes jambes autour des siennes et j’ai poussé en étirant mes jambes, ça lui a fait mal à l’intérieur des cuisses. Après un bout, il a arrêté de me forcer à avoir des relations. Mais il a été violent, il m'a donné des coups, il m'empêchait de sortir. Un jour, nous avons eu une grosse chicane, et il m'a donné des coups. Je suis allée chercher mon père, et on a dit à mon chum, « C'est fini ! Dehors ! » Ça a été difficile parce qu'il était pensionnaire chez nous. J'ai cherché une solution pendant longtemps, et j'avais honte aussi.
Parfois, on utilise plusieurs stratégies différentes quand l'abus persiste. Lorsqu'elle a été prête, Élise a demandé l'aide de son père et l'abus s'est terminé.